Salah Philippe
Qu’il pleuve ou qu’il vente, en toute saison et par tous les jours
que compte l’an, vous le verrez souvent, poussant sa petite charrette en métal
chargée d’une pile d’emballage en carton pâte pour protéger son précieux trésor,
des œufs, une marchandise fragile qui constitue aussi la totalité de son maigre
capital. Car, notre bonhomme est vendeur d’œufs, Moul L’Bid comme se
l’entendent appeler, les ménagères de la cité en réponse à ses appels L’Bid,
L’Bid. Taillé dans un corps musclé et noueux et malgré sa petite taille, Il
marche d’un pas très vif malgré sa petite taille. Il sillonne la ville
de part et d’autre, très tôt le matin, au travers des rues et ruelles de la
grande cité, qu’est devenue la ville de Béni Mellal.
Descendu très jeune de son village de montagne natal, en vendant
des œufs, il a toujours su subvenir aux besoins de sa
petite famille, et c’est comme cela que lui aussi participe à sa manière aux
activités de la ville.
Bien sûr, en ce bas monde, tout un chacun a sa part de misère, et pour
lui, résident dans l’ancienne médina, il s’est vu sommer de quitter les lieux
de sa résidence où le hasard voulut que les murs de son logis, présentent des
fissures et des signes d’effondrement.
On voulu d’abord le dénigrer de ses droits pour qu’il aille
chercher un autre logement en location ailleurs. Il manifesta sa tragédie comme
il put, lui qui s’est vu délogé
arbitrairement. Il dormit pendant des jours aux portes de la commune, il fit
front à tous les curieux venus découvrir ce petit homme qui ose défier la force
des choses. Et bien sûr, à toute fin tout honneur, notre bonhomme eut gain de
cause et s’est vu attribuer un lot au quartier N’Our, un quartier pour les
délocalisés, Mais ceci est une autre histoire !!!